L’avenir du couvent Saint Joseph et du terrain Balleydier.

Notre intervention sur le point 18 du conseil municipal du 11 mai 2015. Échange de ténements entre la Ville d’Annecy et la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph d’Annecy – déclassement de voirie – Mise à l’enquête publique.

L'ancien couvent Saint-Joseph

Que le parc des religieuses de Saint Joseph devienne un parc public peut être une bonne chose, il s’agit d’un lieu agréable et charmant qui occupe une position stratégique au sein du cœur historique d’Annecy. Les points de vue offerts depuis ces jardins sont beaux et relativement préservés des constructions agressives qui défigurent un peu partout le paysage annécien.

Compte tenu de l’évolution de ses effectifs, on peut aussi comprendre que la congrégation souhaite « réduire la voilure » de son site annécien.

En ce qui concerne la vente et la transformation du cloître, on compte sur l’architecte des bâtiments de France pour être le plus exigeant possible. En outre, nous souhaiterions qu’un audit complet historique et archéologique du bâti soit réalisé.

Plusieurs raisons fondent les craintes que nous avons.

Sur l’échange de parcelles, sans préjuger du futur projet architectural, nous ne serions pas foncièrement contre, mais plusieurs raisons fondent les craintes que nous avons.

En alternative au projet Portzamparc tout proche nous avons depuis plusieurs années proposé une solution globale pour ce quartier qui prenne en compte l’ensemble : les 6 hectares du site de l’ancien hôpital, le terrain Balleydier, la piscine des Marquisats, le parking de la Tournette, le commissariat, etc.

Pris sans doute de remords devant les réactions négatives suscitées par le projet du Crédit Agricole et regrettant peut-être sa désinvolture dans la gestion de ce projet, la municipalité faisait adopter en janvier 2013 une modification du PLU en gelant pour 5 ans le quartier Trésum/Marquisats, mais hélas le site de l’ancien hôpital en était exclu ; ce qui dès lors rendait bancale toute prospective ! Il s’agissait de : « se laisser un délai de réflexion afin de déterminer des orientations générales ou plus particulières à intégrer au PLU afin de ne pas mettre en péril un possible projet d’aménagement global et cohérent ». On voit bien que, faute de grande vision d’urbanisme, la ville est gérée au coup par coup par un cercle restreints d’initiés. Sans attendre le « dégel » de la zone…des tractations entre un promoteur et la mairie ont eu lieu, des projets ont été présentés… Si cette affaire est révélée au grand jour c’est par obligation légale, puisqu’il y a un projet de cession de terrain appartenant à la ville. Nous avons donc bien de la chance de ne pas être mis devant le fait accompli, de découvrir un beau matin un permis de construire tout ficelé et signé.

Un quartier complètement inapproprié au site

Si le projet du Crédit Agricole arrive au bout, nous aurons donc un nouveau quartier complètement inapproprié au site… qu’il sera hélas impossible de dissimuler et d’oublier. Comment l’architecte du terrain Balleydier va t’il gérer cette proximité ? Peu rassurés par les réalisations architecturales qui marquent vos années de gouvernance, Monsieur le maire, nous craignons de voir un projet qui trahisse une nouvelle fois l’esprit des lieux. Mais au moins, nous pourrons pour ce projet précis, je l’espère, maintenant que le débat est public, apporter notre contribution notamment au sein de la commission d’urbanisme. Ainsi tout au long de l’instruction du permis de construire, nous espérons être tenus informés des évolutions du projet par le promoteur et l’architecte et avoir notre mot à dire. N’est-ce pas, tout de même, le rôle normal dévolu à cette commission ?

Mais la raison essentielle de notre vote contre cette résolution s’inscrit dans l’histoire du site. Il est nécessaire de rappeler les conditions dans lesquelles la ville est devenue propriétaire de ces 14 000 m2. Leur acquisition a fait l’objet d’un arrêté de déclaration d’utilité publique en vue d’une expropriation pour faciliter l’accès au centre hospitalier mais surtout pour en faire une réserve foncière à long terme en vue de permettre dans l’avenir de prévoir des équipements publics ». C’est en 1978 que la ville se rend donc propriétaire des lieux et transforme une partie du terrain en parkings.

Petit rappel historique :

Cette propriété fut celle de Jean-Marie Dunant (1761-1822), architecte d’Annecy formée à l’école d’architecture de Turin en 1780, il a édifié à la toute fin du XVIIIe s une des plus belle villas d’Annecy dans un style néo-classique à côté d’une autre demeure familiale de 1716 qui jouxtait le murs du Couvent Saint Joseph, qui fut détruite en 1992. Prosper Dunant, architecte et peintre en hérite puis ce fut au tour de Camille Dunant, initiateur du tourisme à Annecy, d’en être propriétaire.

L'histoire du couvent Saint-Joseph à Annecy

La ville s’est donc rendue propriétaire de ce tènement et a fait table rase des édifices effaçant en quelque sorte une partie de l’histoire d’Annecy au nom de l’intérêt public. Il est tout de même assez étrange que l’on sacrifie aujourd’hui cet intérêt public à des intérêts privés ! En droit français l’expropriation est une procédure faite pour l’intérêt public mais pas pour la promotion privée ! Voici donc ce qui explique notre vote.

Si nous ne sommes pas suivis dans ce vote et que l’option de la promotion immobilière est choisie nous serons très vigilants pour que l’architecture préserve la mémoire de ce lieu et de son environnement dans le souci du respect de ces personnalités annéciennes (les Dunant) qui ont œuvré longtemps pour le bien d’Annecy. Il conviendra aussi de veiller scrupuleusement aux préconisations du règlement de l’AVAP (Aire de valorisation de l’architecture et du paysage) qui exige dans le secteur AV1 (vieille ville) « le maintien du caractère, de la qualité et de la cohérence de la vieille ville et des faubourgs anciens » et en priorité de « conserver ce qui fait la qualité [de ce secteur] […], d’ « intervenir délicatement dans cet ensemble constitué ».